Méchouis, Tajines et Gigots


Première journée de boulot : 24 mars. La neige tombe dru, la route menant à Saint Nizier du Moucherotte est impraticable sans pneus neige et ma voiture cale. J’attends une vingtaine de minutes que d’autres automobilistes fassent la trace devant moi avant de pouvoir repartir. Arrivée à la bergerie, je suis accueillie chaleureusement par 5 patous en furie qui m’aboient après en promettant de me mordre si j’approche de trop. Vive la campagne ! Heureusement le maître des lieux est plus avenant et me montre rapidement ce qu’il faut faire...

Les brebis bêlent dans la chaleur étouffante de la bergerie. C’est autre chose que l’odeur des vaches. Chacun ses goûts. Les quinze premiers jours se déroulent à l’intérieur. Nourrir les brebis, nettoyer les abreuvoirs, faire téter les deux ou trois orphelins, surveiller les brebis qui s’apprêtent... remettre du foin parce qu’elles ont déjà tout bouffé ! De demi-journée en demie-journée je découvre progressivement les lieux, les petits travaux à faire, les corvées de vaccination et les chantiers de boiteuses. Attraper l’agneau, piquer l’agneau, reposer l’agneau, attraper un autre agneau... lui courir après parce qu’il a été plus rapide que toi, l’attraper de nouveau, le tenir serré parce qu’il gigote dans tous les sens, piquer l’agneau... au suivant ! 1000 méchouis sur pattes qui gueulent dans la torpeur moite du bâtiment. Je dégouline de sueur et de suint, je suis en t-shirt alors que dehors il fait tout juste 8 °C.

BrebisBrebis au pédiluveBâtiment d'élevageKobalt, au travail

Petit à petit les patous m’acceptent, puis acceptent Kobalt, qui monte avec moi pour découvrir un nouveau monde. Apeurée dans un premier temps, elle s’est vite faite au tumulte des bêtes, aux déplacements brutaux et indéterminés des agneaux, aux cabrioles des jeunes gigots, après lesquels elle court gaiement pour les remettre à leur place.

Les brebis sont maintenant dehors depuis une dizaine de jours, au-dessus de Seyssinet. Elles paissent avidement les premières hauteurs d’herbe qui ont eu le courage de pousser. Entre deux séances de débardage ou de débroussaillage pour limiter l’invasion erratique de la forêt et de la lande, je profite d’une vue imprenable sur tout Grenoble et la chaîne de Belledonne. Franchement, il y a pire comme métier...

Alpage
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