Quartz en France, la montagne à nos pieds, il est temps de partir ... L'itinéraire est rapidement gribouillé sur une carte. Une ligne droite de Vif à Lagnieu. De cette rapide esquisse, je précise les contours, je peaufine les détails. Je partirai seule, en autonomie, avec Quartz. J'ai cinq jours. Ni plus, ni moins. L'intervalle vacancière m'est imposée par un stage professionnel qui débute en début de semaine prochaine.
Il est mercredi, jour du départ. Il fait grand beau. L'envie me pousse tandis que la peur me retient. J'ai une boule dans la gorge. Quartz me regarde, sans se poser plus de questions, comme d'accoutumée.
Etape 1 : Vif / Sassenage
La première partie du trajet se passe dans la vallée du Drac. Le sol est régulier et les chemins souvent en ligne droite. La montée est progressive mais relativement longue jusqu'à la Tour Sans Venin. Heureusement la vue sur Belledonne nous évite l'ennui. La descente par le Coup de Sabre est difficile. Quartz prend beaucoup de temps pour trouver ses appuis. Il a le pied sûr mais la roche est glissante et le passage étroit. Ce seront nos seuls pas montagnards au cours de cette randonnée. Je n'y peux rien, mais les Alpes n'ont pas souhaité se prolonger au-delà ...
Etape 2 : Sassenage / Chirens
Cette deuxième journée s'annonce toujours aussi belle que la première. Nous partons plus tôt car la route est légèrement plus longue. Coup de fatigue après le repas. Depuis le Cossert de Gilles je vois au loin les deux collines (le Replat et le Montmain) entre lesquelles nous devons passer pour rejoindre Chirens. J'ai une petite sueur froide : les étapes ne sont-elles pas trop longues ? Je crains d'arriver à la nuit mais fort heureusement le trajet est plus court que ce que je pensais. Quartz est-il fatigué ? Réponse de l'intéressé : un galop déroutant qu'il me demande au départ d'une grande ligne droite. Rassurée je retrouve mon hôte qui est venue à notre rencontre peu avant le bivouac du soir.
Etape 3 : Chirens / Les Avenières
Mon appareil photo m'abandonne lâchement. Le temps d'une journée, impossible de le relancer. Pas de souvenir du lac de Paladru et des champs environnants. Les péripéties font parties du voyage...
La journée se passe bien. Quartz manifeste plus régulièrement son envie de galoper. Le pas l'ennui et je multiplie les petites séances de défoulage. Je crains qu'il ne fatigue mais en réalité il se porte de mieux en mieux et accélère même le rythme de son pas dans l'après-midi... increvable la bête !
Le soir il se repose et fait des grattouilles à ses compagnons de pré, dont le propriétaire nous a gentiment accueilli pour la nuit. Un bon repas et la fatigue est (presque) oubliée.
Etape 4 : Les Avenières / Lagnieu
Je prends le temps ce matin car le trajet est un peu moins long aujourd'hui et je prévois d'arriver vers 16h30 l'après-midi pour un repos bien mérité. A midi le vent nous nargue tandis que les collines de l'Ain se dessinent à l'horizon. Nous faisons une pause près de la carrière Champdieu dans un petit pré caché par des fourrées. Nous repartons de bonne humeur tous les deux. Le Pont de Briord n'est plus loin, le pré non plus. Mais le vent s'intensifie et j'en prends plein la figure. Les bourrasques ne semblent pas gêner Quartz, les longueurs au bord du Rhône sont avalées en quelques foulées de galop.
Le pré se rapproche, le vent continuer de gonfler les voiles (et de me gonfler). Isabelle m'avait prévenu que quelques piquets avaient du tomber mais je crains l’hécatombe sous la force du vent. Deux ou trois piquets traînent au sol et sont vite remis sur pieds mais le fil n'en fait qu'à sa tête, c'est l'envolée sauvage. Les voiles des kite-surf et des véli-planchistes n'arrangent rien. Quartz devient hystérique. L'endroit ne lui plait pas. J'attends tout de même un moment que la météo ne s'arrange mais c'est peine perdue. Quartz ne tient pas en place, même attaché à un arbre. Si je reste je ne le retrouverai pas le lendemain matin ... Il est 17h30 et la décision est prise. Il reste 16 km jusqu'à Lagnieu, il va falloir rentrer en catastrophe. Heureusement j'ai de la famille dans le coin et ils viennent récupérer le trop plein de matériel pour nous alléger. Excité, Quartz se sent pousser des ailes. Après 130 km dans les pattes il trottine comme un lapin. Nous ferons le trajet en deux heures. La nuit tombe mais je suis soulagée, le pré est là, les copains aussi et mon lit n'est plus très loin...
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