Jour 9 : La Martinière - Le Sappey en Chartreuse


J’attends le lever du jour avec angoisse. Ces cris, bon sang, m’ont effrayée toute la nuit. C’est l’absence d’identification de l’animal qui m’effraie, et ses cris immondes. Le monsieur qui m’a prêtée son pré vient me voir au petit matin pour me demander si tout s’est bien passé. Je lui explique mon souci nocturne. « Ho, excusez-moi, j’ai oublié de vous prévenir, c’est une réserve de chasse par ici, et en bas dans le marais le cerf brame toute la nuit ». Je me retiens de rigoler, de soulagement. Ce n’était donc qu’un cerf. À la Réunion, il n’y a pas de gros mammifères sauvages, ici j’ai tout à découvrir, et Quartz aussi...

Je prends le temps de m’occuper des chevaux et du matériel ce matin. J’ai pris la décision de rentrer en camion, si possible, dans la soirée. Le problème étant que nous ne disposons ni de van, ni de véhicule tractant, ni de chauffeur... Mais peu importe, je m’organiserai dans la journée. Les chevaux reprennent des forces sous le soleil de 10 h tandis que mes affaires finissent de se gorger de l’humidité de la nuit.

Je récupère l’entrave de Quartz et sa corde pour essayer de dénouer le tout. Avec beaucoup de patience et mon cure-pied, je finis par défaire le nœud (pourtant fait pour pouvoir être défait rapidement). Je démonte le
mousqueton cassé et le change avant de remballer tout le matériel et de seller les chevaux. J’échange quelques mots avec mon hôte et apprends qu’il est le propriétaire du chalet de Pierre Mesure (ou ce qu’il en reste). Il m’invite à repasser quand bon me semble et à ne pas hésiter à lui demander les clefs de la cabane si je veux y passer la nuit. Les prés alentour sont à lui également, il me laisse le droit d’aller y faire paître les chevaux quand je reviendrai en Chartreuse. Si ce n’est pas avoir le beurre et l’argent du beurre ! Je le remercie chaleureusement et prends la route, direction le Sappey en Chartreuse.

ChartreuseLes chevaux au petit matin

Kayenne fait la mule. Elle traîne, a un pas mou et irrégulier. Elle m’arrache le bras toute la matinée. Quartz est allant, à l’aise, et voudrait passer la vitesse supérieure. Lui qui n’est déferré que depuis cinq mois, qui n’a même pas fini sa transition de pieds nus, il marche partout, trottine et s’impatiente sur le goudron. Pour la journée je lui ôte les hipposandales, il s’en portera tout aussi bien. Pour prendre au plus court, soulager Kayenne et raccourcir l’étape, je taille dans le lard. Je prends la route. Et tant pis pour mon ego de randonneuse qui aime les chemins plus que tout, les chevaux avant toute chose. Nous passons le Col de Porte rapidement et arrivons au Sappey vers 15 h. Tout le long de la route, les sommets pointeront leur tête sous le soleil en me narguant de loin.

Au Sappey en Chartreuse, nous sommes accueillis par le gîte du chant de l’eau. J’aurais dû y passer la nuit, mais mon compagnon a trouvé une alternative pour venir me chercher avec un van. Au gîte, Ils me proposent de laisser les chevaux dans leur pré en attendant le véhicule. Je n’aurais pu espérer mieux. Quartz et Kayenne alternent roulades et grignotages avant de s’élancer à la poursuite de la comtoise qui a bien voulu les accueillir. 700 kg de muscles pourchassés par deux petits merdeux des montagnes. La randonnée les a endurcis, c’est sûr... Au final, pas de bobo, mais une grosse fatigue pour Kayenne. Les chevaux n’auront pas perdu un gramme pendant la randonnée malgré quelques étapes difficiles.

La ChamechaudeKayenne


Nous rentrerons à la nuit à Vif. Quellebelle et Bandit viendront accueillir Quartz et Kayenne à la sortie du camion. Je laisse tout le monde faire connaissance dans le pré et les observe se courir après un moment. Tout le monde se calme et va brouter dans son coin. Tout ira bien pour la nuit.


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