Jour 3 : Innimond - Izieu


Une grosse étape nous attend. Rien d’extraordinaire, mais le rythme des chevaux est encore lent, je crains déjà d’arriver à la nuit. D’autant plus que je me réveille sous la pluie. Quelle guigne ! Le ciel nous crache à la figure des myriades de petites aiguilles froides. Les chevaux sont trempés. Je profite d’une accalmie pour m’extirper de ma tente et les seller. Je range ma chambre mouillée... le duvet est épargné et abrité dans un grand sac étanche. Je jette rapidement les bâches de pluie sur les chevaux. Encore du bricolage de dernière minute avant de partir. J’ai l’impression de m’amuser avec des sacoches en carton et de petits chevaux en bois. J’ai encore des efforts à faire pour améliorer mon matériel...

C’est la journée de merde. Il n’y a pas d’autres mots. Je rate un croisement, trop occupée à regarder où je mets les pieds et remonte vers Innimond depuis la tourbière de Cérin. La carte ne correspond plus à mon environnement, au bout de cinq cents mètres je sens qu’il y a un hic. La boussole m’indique le Nord alors que je dois aller au Sud. En effet... Nous faisons demi-tour, nous engageons dans un ou deux chemins qui débouchent sur des ronciers ou des troncs couchés dans tous les sens. Plus loin, je déciderai de suivre la route tout du long. Le brouillard nous enveloppe et je ne vois plus à vingt mètres, l’erreur de parcours n’est plus permise. La route est longue, peu fréquentée, mais les chauffeurs sont des chauffards. Je laisse les chevaux s’arrêter au lac d’Ambléon, fouettés par la pluie.

Je ne prendrai pas beaucoup d’autres photos. Tout ce que je prends me tombe des mains, Quartz fait encore la morue, la selle de Kayenne glisse après un gros contrebas (heureusement, ce sera la seule fois du voyage), mon porte-carte s’ouvre à la volée à chaque mouvement... j’explose. Les chevaux me regardent d’un œil atterré puis se remettent à brouter, comme si de rien n’était. Je coupe un ou deux sentiers, trouvent d’autres chemins plus courts. Pas de repas à midi, je grappille des gâteaux dans mes fonds de sacoches tout en marchant.



Les chevaux sous la pluieLac d'Ambléon


Je retrouve mon père sur le GR 59 qui monte au-dessus d’Izieu. Il est de passage en France métropolitaine pour le travail et fait un saut pour passer la soirée avec moi. La chambre d’hôte remplacera la toile de tente, j’en suis bien heureuse.

Mais il faut encore faire des efforts avant d’atteindre le confort. Nous montons un sentier pavé de mauvaises dalles calcaires. Le caillou est saillant. On se tortille, on passe à côté quand les bas-côtés le permettent, sinon on espère simplement que les chevaux ne glissent pas. Pieds nus, hipposandales ou fers, sur le caillou mouillé, même combat ! Les chevaux s’extirpent avec succès de ce passage inconfortable.

La descente vers Izieu est plus douce et rejoint une petite route goudronnée qui nous mène directement à une chambre chauffée et un grand jardin pour les chevaux. Notre hôte porte les traits d’un personnage de Germinal. Sa ferme respire la rusticité. Une cloche sert de sonnette (Quartz en aura une peur bleue). Il nous accueille chaleureusement et fait tout de suite ce qu’il faut pour que les chevaux soient à leur aise le plus rapidement possible. Eau à disposition, tréteaux pour les selles, arrière-cour fermée avec de l’herbe convenable.

Ce soir mon père sort le grand jeu et m’invite au restaurant du coin. Le cuisiner a travaillé à la Réunion et vient discuter un moment avec nous à la fin du repas. Nous regagnons le gîte le ventre plein et la tête ensommeillée. Tout le confort nécessaire est à disposition. Les lits sont moelleux et je m’enfonce mollement dans le sommeil du juste.

Sur la routeChemin scabreux
Bivouac du soirDevant le gîte
Bivouac du soirChevaux mangeant leur ration

Bivouac du soir

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