Racines alpines


Septembre passe et laisse place à l’automne. Des amis réunionnais passent me voir, puis de la famille. De quoi organiser quelques balades alpestres et faire découvrir le coin. Les chevaux quant à eux migrent pour quelque temps sur les hauteurs du Brion pour nettoyer un parc habituellement destiné aux vaches. L’agriculture montagnarde recule et mes chevaux remplacent les bovins pour entretenir les pâturages. Les éleveurs du coin ne veulent plus entretenir les barbelés et les poteaux dans la pente : cela demande du temps et des efforts — ils préfèrent se tourner vers les plaines labourables, plus faciles d’accès et moins pénibles. Ils conservent les coteaux et les flancs de colline quand ils n’ont pas d’autres choix. L’eau est également un problème, souvent il n’y en a pas et il faut alors charrier des tonnes à eau ou tirer de longs tuyaux aux multiples raccords jusque dans une baignoire ou un grand bac. Et avec le gel qui commence, il faut surveiller les tuyaux tous les jours, pour s’assurer que les bêtes ont à boire. Diego a tout compris et il bat le rappel en hennissant dès que l’eau vient à manquer.


PrairiesDiego au préLes chevaux au préBandit en cabane


En Savoie, de l’eau, il y en a partout ou presque. Plus qu’ici sur les plateaux karstiques et les collines de calcaire. Nous partons en Maurienne pour la journée : une vallée tristounette nous amène jusqu’à Saint-Jean d’où nous prenons de la hauteur jusqu’au Chalmieu. Il y a là-bas, ou plutôt, là-haut, quelques-unes de mes racines. Une vieille souche maternelle et de petits cousins éloignés ont peuplé le secteur il y a plusieurs dizaines d’années, ici, au pied des Aiguilles d’Arves et de la Tête du Chat. Autant la vallée est lugubre, autant les hauteurs sont enivrantes. Les pelouses alpestres ont déjà été broutées par les troupeaux et grillées par le gel. Il ne reste qu’une paillasse de hautes tiges drues et sèches au milieu desquelles Kobalt gambade gaiement. Mes origines familiales elle s’en moque, tout ce qui l’intéresse ce sont les mulots qui courent sous terre — elle attrapera sa première proie puis la délaissera rapidement pour s’attaquer à d’autres rongeurs. Le soleil s’étire derrière les montagnes et il est temps de rentrer. Mais je reste pensive. Ma famille a voyagé, loin, au-delà des océans, jusqu’à la pointe de l’Afrique, mais je trouve rassurant d’avoir mes racines, ici, au milieu des montagnes alpines, où j’ai décidé de m’installer.




Les Aiguilles d'Arves

Tête du Chat et Aiguille d'ArvesCloche alpine






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