Corps à corps avec le Vercors - Jour 3

Jour 3 - 16 km / 855 m +

Les distances et les dénivelées seront moindres ces prochains jours. Forcément, on marche à pied ! Mes parents et mon oncle sont de vieux randonneurs aguerris, mais les années passant, ils ont un peu rouillé. Je ne sais pas non plus comment seront les chemins et je préfère tabler sur de courtes distances pour profiter plus largement du paysage et des longs après-midi une fois le camp monté. Je dois dire que j’ai bien fait, car le GR est parfois difficile à franchir et mes parents ne marchent plus très vite (je dis « plus », car mon père a fait deux fois déjà la Diagonale des Fous). 

Réveil au pied du pas de l’Aiguille. Il fait grand beau. Ça, c’est une surprise ! La courbe du moral étant remontée en flèche, on prépare les sacoches, on démonte les tentes, on charge les chevaux et on y va. Première fois que je teste le bât en conditions réelles. Il a été modifié à partir d’un arçon suisse et les matelassures ont été faites par une jeune bourrelière du coin. Je vérifie tout deux fois pour ne pas risquer la blessure ou la bascule des charges. Surtout qu’on commence par du lourd. Le pas de l’Aiguille ressemble presque à un kilomètre vertical. Fort heureusement on dispose d’un peson électronique qui est précis au gramme près. Je ne laisse rien au hasard et m’autorise uniquement 100gr de différence entre les charges. Et c’est parti !

Nous ne disposons que de 200 ou 300 mètres pour nous échauffer puis l’ascension débute. Avec le Vercors, il n’y a pas de transition. On passe du plat à la montée ardue en une enjambée. Les chevaux, Quartz surtout, s’élancent comme des grimpeurs acharnés. Malgré mes nombreux entraînements en trail, j’ai du mal à suivre son rythme. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour souffler. Je vérifie souvent les sacoches, mais rien ne bouge. Tout reste en place jusqu’en haut. Je suis ravie par le matériel et l’entrain des chevaux. Arrivés sur le plateau, on prend le temps de respirer et, surtout, d’admirer un peu de ciel bleu. Des orages sont annoncés pour tous les soirs à venir alors on profite de la moindre miette de beau temps. (Beau temps, définition : toute période où la pluie ne tombe pas). Nous mettons quand même une bonne heure pour parvenir au sommet du col : 1 km pour 410 m de dénivelée positive.

Montée au pas de l'AiguilleVue depuis le Pas de l'Aiguille


Sur les hauts plateauxHauts Plateaux du Vercors


Mais il ne fait pas bon tarder en montagne et je pousse tout le monde à reprendre la marche. On emprunte le chemin depuis le refuge de Chaumailloux qui rallie le GR 91 que nous emprunterons jusqu’à Corrençon en Vercors. Je suis agréablement surprise par les terrains herbus et souples. Seuls quelques passages sont en caillasse jusqu’à l’étape du soir. Chacun prend son rythme. Je suis devant avec les chevaux et la carte pour ne pas rater la bifurcation. Autant le GR est bien indiqué et balisé, autant les chemins parallèles sont de simples sentes dans l’herbe. Il est d’habitude assez simple de suivre le passage de centaines de randonneurs avides d’aventures, mais les sangliers ont pris soin de raboter entièrement le chemin par endroit. Il faut garder le nez en l’air tout en regardant où on met les pieds pour ne pas tourner au mauvais endroit et se tordre une cheville. 

Les marmottes sont nombreuses à l’approche de Pré Peyret, mais déjà trop grasses pour se mettre rapidement à l’abri. Elles courent en se dandinant maladroitement, certaines, trop essoufflées sans doute, ne prennent même pas la peine de siffler pour prévenir les copines. Au croisement du GR91, du GR 93 et de la bifurcation qui mène dans la Plaine de la Queyrie, nous faisons une halte. La source glougloute gaiement à côté de nous. L’avantage des orages réguliers, c’est que nous ne manquerons (presque) jamais d’eau sur l’ensemble du parcours. 


Hauts Plateaux du VercorsMarmotte


Les brebis et les bergers ne sont pas encore arrivés (c’est une des raisons qui m’a poussé à faire cette randonnée début juin), mais les premiers vautours rôdent déjà. Nous repartons après un rapide casse-croûte en direction du nord et de la Grande Cabane. La seule problématique dans le Vercors est l’accès à l’eau, et nous irons ainsi tous les soirs de source en source pour abreuver les chevaux et remplir nos gourdes. Par mesure de sécurité, lors de la préparation du tracé, j’ai toujours visé deux sources proches d’un ou deux kilomètres pour me rabattre sur l’une ou l’autre en cas de mauvaise surprise. Mais ce soir la première source est la bonne, il s’agit de la Fontaine des Serrons. Un petit tuyau en métal fait clapoter un litre/minute d’eau dans une vasque de pierre au fond vaseux. Comble du luxe nous aurons donc assez d’eau pour tout le monde et suffisamment de ressource pour se laver et se brosser les dents. Le soir précédent, la rivière, gonflée du tumulte de l’orage, avait laissé sa transparence pour prendre les couleurs de la boue, me coupant l’envie de me doucher. 

Le déchargement des chevaux et le montage du camp se font vite. Bandit et Quartz sont rapidement mis à l’attache pour la nuit, non loin d’un vaste scialet qui ne nous aura jamais rendu l’écho d’un petit caillou jeté au fond. Le Grand Veymont joue son rôle de paratonnerre en attirant à lui les nuages noirs et la foudre. Nous sommes tranquilles malgré une ou deux averses de courte durée. 



Sous le Grand VeymontBivouac sous le Grand Veymont
Bivouac sous le Grand VeymontRepas sous le Grand Veymont

Couché de soleil





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