Corps à corps avec le Vercors - Jour 1


Il n’est nul besoin d’aller très loin et très haut pour trouver de belles randonnées techniques et se trouver dépaysé. Le Vercors m’a offert de splendides paysages, une jolie frayeur nocturne et de bons moments de transpiration. De quoi éprouver les compétences des chevaux ainsi que les miennes. Cette randonnée a été conçue comme une préparation pour ma future traversée des Alpes. Mes parents se sont greffés sur le projet et les chevaux nous ont donc accompagné pour porter l’équipement. 

Les chevaux dans le Vercors


Premier jour — 28 km/1 177 m +

Tout est prêt depuis la veille. Le matériel a été revu, modifié ou fabriqué pour l’occasion. Je selle Bandit pour la première journée, car il ne fera pas grand-chose par la suite. Il est prévu qu’il ne porte qu’une vingtaine de kilos de matériel afin de débuter tranquillement sa carrière de cheval de randonnée. Quartz nous suit donc en longe paisiblement tout au long de la journée, ne m’arrachant le bras qu’au moment de pisser (il s’arrête alors sans aucune transition ni aucun signe préalable). Kobalt m’accompagne pour les deux premiers jours jusqu’au pas de l’Aiguille. Ensuite elle devra nous quitter, car les chiens sont interdits sur les Hauts Plateaux. Les chemins sont bons et les chevaux avancent bien. La météo n’annonce des orages qu’en fin d’après-midi et j’espère trouver un endroit où dormir assez tôt dans la journée. L’histoire commence sans aucune anicroche...

J’arrive au lieu dit de Vicaire à 16h00. Un éleveur de brebis abordé sur le chemin m’accorde gentiment le droit de mettre les chevaux sur son terrain pour la nuit. Le ciel menace et je saute sur cette première occasion. Le terrain est en pente raide et il va falloir que je mette la tente au bord de la route pour ne pas glisser toute la nuit. La tente ? Celle que mes parents doivent m’apporter en me rejoignant le soir même... Le soir même ? Soit deux heures plus tard que prévu, soit deux heures passées sous un orage de pluie et de grêle à grelotter en jurant et en pestant (je vous passe le listing de noms d’oiseaux que j’ai pu déverser à ce moment-là). Mes parents arrivent avec des vêtements de rechange, ma tente et une autre tente « géante », initialement prévue pour les Hauts Plateaux. J’avais abandonné l’idée de voyager ultra léger avec mes anciens, histoire de leur accorder un peu de confort. Mais le confort en question est long à monter, trop volumineux, trop lourd, et impossible à placer dans le petit espace où j’ai prévu de dormir. On monte puis démonte donc la tente géante avant que mes parents ne m’accordent la possibilité de monter la mienne. L’imprévu les agace déjà, ils trouvent ma tente trop petite et la pluie ne s’arrête pas. Mon père décide de dormir dans la voiture. Bon gré mal gré, on s’installe comme on peut, on mange, on grommelle, on mange encore un peu. Les chevaux eux, s’en foutent royalement, ils ont de l’herbe jusqu’au bide.

À 20h00 passé, un promeneur des plus impromptus nous aborde : « Vous n’allez pas dormir là quand même ? ». On répond par l’affirmative. « Mais, pourquoi vous ne venez pas chez moi ? J’ai une maison avec beaucoup de chambres et un grand pré pour les chevaux ! » On hésite. On n’ose pas, on se questionne. Le promeneur continue sa balade pour nous laisser le temps de la réflexion et nous retrouve plus tard. Après une énième averse orageuse, la météo nous pousse à choisir rapidement. On ira chez lui. Sa maison est un havre de réconfort et de chaleur. Mes parents sont rassurés, j’ai de quoi me mettre au sec et les chevaux sont sur un terrain plat et plein d’herbes. Le monsieur est moult fois remercié pour son accueil chaleureux. Il met même à notre disposition sa grange pour que l’on fasse sécher les tentes. Il me faudra néanmoins me lever plusieurs fois dans la nuit pour m’assurer que les chevaux vont bien. C’est la première nuit à la longue corde pour Bandit et il est impossible de voir directement les chevaux, de les entendre ou de sentir le sol trembler s’il y a un problème.

Heureusement tout va bien dans le meilleur des mondes et la seconde journée peut attaquer.

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