Lasagnes et navarin


Les brebis sont rentrées à la bergerie. J’ai terminé la garde et Quartz et Bandit sont rentrés à la maison. Novembre nous livre ses premières neiges. J’ai ramené de la montagne une jeune brebis destinée à l’abattoir. Ambel. C’est la Zon, qui, pour mon anniversaire, m’a fait la surprise en me l’offrant. L’agnelle est restée tout l’été à l’arrière du troupeau, laissant approcher Kobalt sans sourciller, pas peureuse pour deux sous et intrépide à ses heures (elle m’aura fait courir souvent pour s’être un peu trop écartée du troupeau). Après une fugue de plusieurs jours, retrouvée par hasard chez des gens à quelques kilomètres de la ferme, elle bêle maintenant dans l’étable, au chaud, en attendant la belle saison.

Ambel et Kobalt

Et puis entre-temps il y a eu Diego. Chargé au fond d’un camion, direction l’Italie. L’œil pas bien éclairé, un an et demi et déjà aussi grand que Quartz, mal dégrossi, benêt comme pas deux, à peine s’il sait comment se servir de ses grandes guiboles. Il est un peu craintif, mais pas méchant. Le maquignon le pose dans le champ, au milieu du troupeau. « Je le laisse quelques jours, si t’en veux pas il part au couteau ». Diego est accueilli par des coups de cul et des ruades. Quartz et Bandit le poussent dans les fils et le font sortir du parc. Ça promet... il ne connaît pas le licol, il ne connaît pas la longe, il ne sait pas donner les pieds. Y a juste un volant et quatre roues, mais ni direction assistée ni système ABS, et je ne sais même pas ce qu’il y a sous le capot. Mère percheronne, Pleins Papiers. Père : « c’est le poney pie du voisin qui a sauté la clôture ». Il ne ressemble à rien. Il a la tête trop grande, l’encolure toute petite, les côtes saillantes sous sa longue toison d’hiver. Il a les vers et les poux. Allez, va, ça pourrait faire un bon cheval, sait-on jamais, je le garde !

Diego


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